Traiter l’hyperthyroïdie

L’hyperthyroïdie désigne une production anormalement élevée d’hormones par la glande thyroïde, cet organe en forme de papillon situé à la base du cou, sous la pomme d'Adam. Il ne s’agit pas d’une enflure de la thyroïde, comme on le croit parfois. La maladie se déclare habituellement chez des adultes âgés de 20 à 40 ans. Cela dit, elle peut survenir à n’importe quel âge, et on la voit aussi chez les enfants et les personnes âgées. Elle est moins fréquente que l’hypothyroïdie.

L'influence de la glande thyroïde sur l'organisme est majeure : son rôle principal est de réguler le métabolisme des cellules de notre corps. Elle détermine donc la vitesse du moteur de nos cellules et organes et le rythme auquel seront utilisés les carburants : lipides (gras), protéines et hydrates de carbone (sucres). Chez les personnes en hyperthyroïdie, le moteur fonctionne en accéléré. Elles peuvent se sentir nerveuses, avoir des selles fréquentes, trembler et perdre du poids, par exemple.

Pour diagnostiquer l'hyperthyroïdie, on utilise un test sanguin et des procédures d'imagerie. Une fois que l'hyperthyroïdie a été diagnostiquée, différentes options de traitement sont disponibles.

Causes de l’hyperthyroïdie

Les principales causes

  • Maladie de Basedow (ou de Graves). C’est de loin la cause la plus fréquente d’hyperthyroïdie. Il s'agit d'une maladie auto-immune : des anticorps stimulent excessivement la thyroïde à produire plus d’hormones. La maladie s'attaque aussi parfois à d’autres tissus, comme ceux des yeux. Cette maladie touche environ 1 % de la population au Canada.
  • Nodules thyroïdiens. Les nodules sont des petites masses qui se forment dans la glande thyroïde, en solitaire ou en groupe. Ce ne sont pas tous les nodules qui produisent des hormones, mais ceux qui le font peuvent entraîner une hyperthyroïdie.
  • Thyroïdite. Si une inflammation touche la thyroïde, cela peut aussi causer un excès d’hormones thyroïdiennes dans le sang. Souvent, on ne connaît pas la cause de l’inflammation. Elle peut être de nature infectieuse ou survenir après une grossesse. Habituellement, la thyroïdite provoque une hyperthyroïdie de courte durée, la thyroïde retrouvant son fonctionnement normal après quelques mois, sans intervention. Des médicaments peuvent aider à soulager les symptômes en attendant que la maladie passe. La thyroïdite évolue vers une hypothyroïdie permanente dans environ 1 cas sur 10.

Certains médicaments, comme ceux qui sont riches en iode, peuvent entraîner une hyperthyroïdie temporaire. C’est le cas, par exemple, de l’amiodarone, prescrit dans certains cas d’arythmie cardiaque, et de produits de contraste iodés parfois injectés lors d’un examen de radiologie.

Complications possibles

L'hyperthyroïdie provoque une accélération du métabolisme, donc une dépense accrue d’énergie. À long terme, une hyperthyroïdie non traitée augmente le risque d'être atteint d’ostéoporose, car l'absorption du calcium par les os est affectée. Le risque de développer un type d’arythmie cardiaque appelé fibrillation auriculaire augmente aussi.

Une hyperthyroïdie majeure non traitée peut conduire à une crise thyréotoxique. Lors d’une telle crise, tous les signes d'hyperthyroïdie se trouvent réunis et s’expriment à leur paroxysme, ce qui peut entraîner des complications graves, comme de l'insuffisance cardiaque ou un coma. La personne est confuse et agitée. Cette situation requiert des soins médicaux d'urgence.

Symptômes

Les symptômes de l’hyperthyroïdie sont :

  • la fatigue ;
  • une perte de poids malgré un appétit conservé ;
  • une prise de poids chez certaines personnes ;
  • un mauvais ressenti de la chaleur ;
  • une soif excessive ;
  • des palpitations ;
  • des tremblements ;
  • un pouls irrégulier ;
  • une diarrhée ;
  • un épaississement de l’avant de la jambe ;
  • les globes oculaires qui sortent des orbites (en cas de maladie de Basedow) ;
  • un goitre qui est une augmentation du volume de la thyroïde.

Diagnostiquer l'hyperthyroïdie

Les symptômes de l'hyperthyroïdie fournissent souvent les premières indications de la maladie. Le médecin peut obtenir des informations complémentaires en effectuant une analyse de sang pour déterminer la concentration de l'hormone TSH et des hormones thyroïdiennes : si la valeur de la TSH est faible, cela indique une hyperthyroïdie. En revanche, la concentration des hormones thyroïdiennes est généralement augmentée. Dans la maladie de Graves, il y a également une grande quantité d'anticorps thyroïdiens dans le sang.

Examen avec les techniques d'imagerie

Après l'analyse sanguine, le médecin traitant peut étayer le diagnostic par des procédures d'imagerie telles que l'échographie ou la scintigraphie. L'examen échographique permet de mieux évaluer la taille et la structure de la glande thyroïde. Des échantillons de tissus peuvent également être prélevés pour un examen plus approfondi.

Si l'on soupçonne une autonomie de la thyroïde, une scintigraphie est effectuée. Pour cela, on injecte au patient une substance radioactive dans la veine. Celle-ci est absorbée par les zones de la glande thyroïde qui produisent des quantités particulièrement importantes d'hormones (nodules chauds). De cette manière, il est possible de distinguer les tissus sains des tissus malades lorsqu'ils sont observés avec une caméra spéciale.

Traitement de l'hyperthyroïdie

En première intention, le médecin prescrit un médicament de la famille des antithyroïdiens. Il bloque la synthèse des hormones thyroïdiennes et aide à rétablir un taux normal d’hormones. Un autre traitement existe, il repose sur l’iode radioactif. Ce dernier se bloque sur la glande thyroïdienne et diminue sa production d’hormones. Ce traitement provoque une hypothyroïdie. Ce traitement est déconseillé chez la femme enceinte. Chez certains patients, une opération est envisagée. Elle consiste à enlever une importante partie de la thyroïde. Cette opération peut avoir pour conséquence l’apparition d’une hypothyroïdie. Certains symptômes de l’hyperthyroïdie comme les palpitations ou les tremblements peuvent être traités avec des médicaments bêtabloquants.

Médicaments pour l'hyperthyroïdie

Habituellement, au début du traitement de l'hyperthyroïdie, on administre des médicaments dits thyréostatiques qui inhibent la production d'hormones thyroïdiennes. Comme la concentration des hormones dans l'organisme augmente au début, il faut un certain temps avant que les symptômes ne s'atténuent. Une fois que la concentration d'hormones dans le sang est revenue à la normale, le médecin traitant doit décider si une intervention chirurgicale supplémentaire ou un traitement à l'iode radioactif est nécessaire.

Si la maladie de Graves est la cause d'un hyperfonctionnement, la maladie est d'abord traitée avec des médicaments thyréostatiques. La thérapie s'étend sur une période d'environ un an, car les rechutes surviennent souvent au cours des premiers mois de traitement. Si les symptômes réapparaissent plus tard, d'autres formes de thérapie doivent être envisagées. Dans le cas de l'autonomie de la thyroïde, une chirurgie ou une thérapie à l'iode radioactif est presque toujours nécessaire car les médicaments ne peuvent pas éliminer les régions autonomes. Dans certains cas, en plus des thyrostatiques, des bêta-bloquants sont prescrits pour ralentir le rythme cardiaque et ainsi atténuer les symptômes tels que les tremblements associés à l'hyperthyroïdie.

Thérapie à l'iode radioactif pour l'hyperthyroïdie

Dans la thérapie à l'iode radioactif, le patient reçoit de l'iode radioactif, qui est stocké dans la glande thyroïde. Le rayonnement radioactif détruit les cellules de la glande thyroïde. Les cellules touchées sont principalement celles qui produisent une quantité particulièrement importante d'hormones, car elles absorbent davantage d'iode. Dans le cas de l'autonomie de la thyroïde, les nœuds actifs de la glande thyroïde sont particulièrement atteints par l'iode radioactif. Dans la maladie de Graves toutes les cellules sont touchées.

Conséquence indésirable du traitement, l'hypothyroïdie peut survenir, dans certains cas, même des années après la thérapie à l'iode radioactif. Néanmoins, la prise d'hormones thyroïdiennes permet généralement de maîtriser cette hypothyroïdie. Mais, le médicament doit être pris pendant toute la vie.

Chirurgie pour l'hyperthyroïdie

La chirurgie est pratiquée, entre autres, si l'autonomie de la thyroïde est la cause de l'hyperthyroïdie ou si les patients atteints de la maladie de Graves font une rechute malgré le traitement médicamenteux. En outre, une intervention chirurgicale peut également être pratiquée si la glande thyroïde est fortement hypertrophiée et exerce une pression sur la trachée ou si l'on soupçonne une tumeur maligne. Une opération ne peut être pratiquée que si le niveau d'hormones thyroïdiennes a été normalisé par des médicaments au préalable.

Les risques possibles d'une opération sont une altération de la glande parathyroïde voisine ainsi qu'une lésion du nerf de la corde vocale. Souvent, des hormones thyroïdiennes et de l'iodure doivent être prises après l'opération. Cela permet d'éviter l'hypofonctionnement et d'empêcher le tissu thyroïdien restant de se développer à nouveau de manière incontrôlée.

Prévention de l'hyperthyroïdie

Pour prévenir l'hyperthyroïdie, un apport suffisant d'iode est particulièrement important. Cela est particulièrement vrai pour les adolescents, les femmes enceintes et les mères allaitantes qui ont un besoin accru d'iode. Un apport quotidien en iode de 200 microgrammes est recommandé pour les adultes. L'utilisation de sel de table iodé est également recommandée.

L'hyperthyroïdie causée par la maladie de Graves ne peut être évitée. Toutefois, si votre famille a des antécédents de maladie thyroïdienne, il est conseillé de faire contrôler votre thyroïde régulièrement.

Plan du site